L'école n'offre pas les mêmes chances de réussite à tous et ce ne sont pas les mesurettes de François Fillon qui y changeront quelque chose. Dominique Strauss-Kahn aborde le problème en amont et demande un investissement majeur en faveur de la petite enfance.
Investir en amont, « investir dans les bébés », pour soutenir les enfants dès le plus jeune âge est une nécessité parce que les inégalités sont massives à cet âge, entre les enfants sollicités activement par leurs parents et ceux qu’on abandonne à la télévision. Or, Gosta Esping Andersen l’a montré : la capacité à apprendre suppose un « capital cognitif » qui s’acquiert principalement entre 0 et 6 ans.
Investir en amont, c’est aussi empêcher que la pauvreté des parents n’affecte leurs enfants, parfois avant même la naissance. La pauvreté expose les mères à mettre au monde un enfant prématuré ou de faible poids, c’est-à-dire un enfant beaucoup plus fragile que les autres et beaucoup plus exposé à des problèmes cognitifs.
C’est pourquoi il faut faire émerger un grand service public de la petite enfance, couvrant la généralisation des crèches, les gardes d’enfant, le suivi médical et psychologique, la lutte contre la pauvreté infantile. Aujourd’hui, ces politiques sont parcellaires, éparpillées dans un faisceau d’institutions et de politiques particulières (CAF des partenaires sociaux, la Protection Maternelle et Infantile des conseils généraux, crèches municipales, aides financières de l’Etat).
Pour que ces politiques puissent monter en puissance efficacement, il faudra les coordonner et les intégrer dans un grand service public. Un tel modèle a été mis en place avec succès au Danemark et en Suède. C’est loin d’être le cas aujourd’hui en France, tant dans les grandes villes que dans les campagnes.