Le 15 août 1996, Charles Ceccaldi Raynaud, maire RPR de Puteaux, "installait" quinze employés africains travaillant au nettoyage et à la voierie de sa ville dans le quartier des Grésillons à Gennevilliers. La Ville de Puteaux y avait acquis le 29 juillet de la même année un petit immeuble à vocation de bureaux et avait entrepris sans permis de construire, en dehors de toutes les règles d'urbanisme, de modifier la destination de ce bâtiment.
Les employés avaient dû quitter du jour au lendemain le foyer qu'ils occupaient à Puteaux et devaient désormais faire une heure et demie de transport pour se rendre à leur travail. Ils n'ont rien osé dire : "Nous avons compris, expliquait Jacques Brunhes, député-maire communiste de Gennevilliers, qu'ils vivaient dans la peur devant l'attitude du maire de Puteaux, lequel venait de licencier une dizaine de leurs camarades."
Cette affaire déjà ancienne est à mettre en rapport avec la réalité d'aujourd'hui à savoir la politique d'exclusion sociale pratiquée dans les villes de droite :
"A travers les agissements de M. Ceccaldi-Raynaud, c’est toute une conception de la société qui se fait jour. Elle doit être combattue. Déjà l’OPDHLM présidé par Balkany était utilisé pour chasser les populations « indésirables » à Levallois vers d’autres communes comme Gennevilliers. Aujourd’hui, le sénateur-maire RPR de Puteaux monte d’un cran dans cette odieuse politique.
Cela pose des questions de fond. Demain, les villes riches achèteront-elles les villes pauvres pour régler leurs affaires sociales ? Allons-nous vers un développement séparé (l’apartheid) des gens selon leur origine, leur profession, avec des villes qui répondent à telle ou telle catégorie ? Voulons-nous un développement harmonieux des citoyens dans la mixité des origines sociales ou la « ghettoïsation » ? Pouvons-nous traiter des hommes et des femmes comme de simples marchandises ?"
Ces questions posées par Jacques Brunhes il y a près de 10 ans étaient au coeur du débat lors des vrais Etats généraux du logement le 16 avril 2005.
Source : Les archives intégrales de L'Humanité