Le 12 août, la dernière usine française de Stéphane Kélian, dans la banlieue de la cité drômoise, a fait faillite, mettant 150 personnes au chômage. La même semaine, Charles Jourdan, l'autre fleuron romanais de l'escarpin de luxe, a déposé le bilan. Le tribunal de commerce lui a laissé six mois de sursis pour trouver une solution de reprise. Plus de 300 emplois sont menacés. Seul Robert Clergerie, autre grand nom de la chaussure très haut de gamme, tient bon.
Dans Libération, Murielle Grémillet analyse l'une des causes de ce désastre : les nouveaux investisseurs s'imaginaient gérer ces usines comme des usines de boulons !
L'industrie de la chaussure de luxe est un cauchemar pour un industriel rationnel. Trop de références (3 000 en moyenne par an pour Clergerie, Kélian et Jourdan), trop de séries à produire, trop d'exigences sur la qualité des matières premières, trop peu de productivité, trop de savoir-faire et une clientèle difficile. Le métier, qui connut la gloire dans les années 70, ne correspond plus aux logiques économiques de 2005. Les anciens professionnels ont laissé la place à des investisseurs financiers. Depuis le début des années 2000, Alain Duménil, le roi de l'immobilier, a investi chez Kélian. Christophe Béranger, un spécialiste de la reprise d'entreprises pour le compte d'un magnat suisse, l'a fait chez Jourdan. Pour, au final, deux catastrophes sociales et industrielles. «Ces gens-là voulaient du retour sur investissement, dit Clergerie. Ils s'imaginaient gérer les usines comme des usines de boulons.»
Pour suivre ce qui se passe à Romans (mobilisation des salariés, réaction des pouvoirs publics ...), je vous conseille deux sites :
- Le Romanais
- Union locale CGT de Romans sur Isère