C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai appris l'assassinat d'Anna Politkovskaïa car tout comme l'on s'attache aux pays que l'on a pu visiter, on s'attache à ceux dont on a pu lire les écrits.
Dans Tchétchénie, le déshonneur russe, elle démontrait que la violence absolue favorisait la minorité tchétchène la plus extrême, au détriment de la majorité acquise aux idées occidentales, et déshumanisait les combattants des deux camps.
Avec une interrogation "Quelle est l'origine "rationnelle" du chaos en Tchétchénie qui détruit tout le pays ?" et sa propre théorie : Le pouvoir russe avait besoin d'un ennemi -bouc émissaire- pour lui faire porter le poids des malheurs -réels- des Russes dans la difficile période du postcommunisme.
Extrait : "Après un bref interlude eltsinien, la Russie, amputée des "républiques soeurs" de l'URSS, sentit qu'elle n'était pas capable de vivre confortablement sans traditions ni ambitions impériales. Elle eut besoin d'un "petit" et d'un "méchant" pour pouvoir se sentir grande et importante. La joie orgasmique d'être une puissance se nourrit de l'écrasement, de l'humiliation de l'autre que l'on peut piétiner en toute impunité. Le principe est simple : ici, c'est la zone de résidence pour les "méchants" qu'il faut "rééduquer", et, là, par rapport à cet enfer, le reste du territoire russe, où vivent les "bons", semble un paradis."
Anna Politkovskaïa était l'un des rares journalistes à rendre compte de ce qui se passe en Tchétchénie. Le voile retombe plus opaque que jamais.
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