Camille Renault, célèbre restaurateur-mécène de Puteaux a bien connu Jacques Villon, de son vrai nom Gaston Duchamp et frère aîné de Marcel Duchamp. Son atelier voisinait celui de Frantz Kupka au 7 rue Lemaître à Puteaux. Après la mort de Jacques Villon -le 8 juin 1963- Camille Renault décide de quitter Puteaux :
Jacques Villon, je l’ai connu d’une drôle de façon, raconte Camille Renault.
D’abord, il venait avec des femmes qu’il ne pouvait pas recevoir chez lui.
Après je suis allé chez lui et puis, s’est établi entre nous une sorte de communication.
Il savait que chez moi, avec une gravure et un dessin il pouvait venir faire deux ou quatre couverts.
On avait une espèce de code de non-agression… Tous les cent couverts il me donnait une toile.
Quelquefois il me disait : “Où en est-on de nos comptes, Monsieur Renault”?
C’était l’homme le plus charmant de la terre.
A soixante couverts, j’aurais pu dire : il y en a cent et, si à cent-dix, je lui avais dit, il y en a 60 ç’aurait été la même chose, il disait toujours oui !
Jacques Villon était très beau. Il avait alors un peu plus de la soixantaine - et il avait beaucoup de douceur.
Comme fils de notaire il avait fait ses humanités et son droit.
Ce n’était pas un peintre vulgaire ; je l’aimais beaucoup.
Il me dominait de toute sa grandeur, mais il était resté “foncièrement normand” comme disait ma belle-mère.
Elle était en admiration quand elle voyait Villon que l’on portait aux nues, chanter “la vaque à Durand” en patois normand.
Au début, quand il venait chez moi, il n’était pas connu, pour vivre il gravait les tableaux des autres.
Il aimait s’entourer, il emmenait des artistes ou bien, il venait avec LHOTE…
Je ne vivais que pour lui. Quand il venait, c’était comme s’il m’appartenait.
Puteaux sans lui, ça n’avait plus d’attrait, ça ne m’intéressait plus.
J’ai abandonné.
A lire sur le site de l'association Camille Renault et le bateau de pierre.
Photo : Gaston Duchamp dit Jacques Villon
Puteaux conserve un des portraits de Camille Renault peints par Villon. Il est exposé au Palais de la culture de Puteaux, rue Chantecoq. D'autres souvenirs sont enfermés quelque part depuis la fermeture du musée Gaudin...