Face aux désolantes polémiques - voire aux manifestations violentes - suscitées par la Une du dernier numéro de Charlie, c'est à mon sens l'éditorialiste du journal Now Libanon* qui apporte la meilleure réponse :
(...) Si Charlie Hebdo avait annoncé qu'il ne publierait plus jamais un dessin pouvant être pris pour l'image du prophète, les terroristes auraient simplement gagné.
Bien sûr que les musulmans qui désapprouvent sont libres de le faire. Qu'ils désapprouvent tant qu'ils le veulent. Les publications, qui, à l'instar du New York Times, n'ont pas voulu publier des caricatures exercent elles aussi leur liberté d'expression**. C'est ce même choix, celui de la liberté d'expression, qu'a fait Charlie. "A la fin, il ne peut y avoir de liberté de parole, ni de conscience, ni de religion, s'il n'y a pas la liberté de blasphémer, d'être iconoclaste et irrévérencieux envers la foi", affirme-t-il.
Tous les musulmans, en France et ailleurs, ne se sentent pas insultés par cette une, conclut-il. "Certains la trouvent émouvante, touchante, une réaction tout à fait appropriée à un crime et une tragédie terrible".
* Lire l'intégralité de l'édito sur le site de Courrier International
** Aux USA, on prône une laïcité aconfessionnelle (c'est-à-dire sans religion privilégiée, sans dieu favorisé au détriment des autres); en France, une laïcité areligieuse (sans référence à aucune religion). Aussi le droit au blasphème par exemple est-il inscrit dans la loi en France - pays voltairien par excellence - et pas dans d'autres pays.